Le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté jeudi une résolution demandant à l’Iran de l’informer "sans délai" de l’état de ses stocks d’uranium enrichi et de ses sites nucléaires bombardés, ont indiqué des diplomates présents à la réunion à huis clos.
Cette résolution vise principalement à renouveler et à adapter le mandat de l’AIEA pour rendre compte de certains aspects du programme nucléaire iranien, mais elle stipule également que l'Iran doit rapidement fournir à l’agence les réponses et l’accès qu’elle réclame, cinq mois après les frappes aériennes israéliennes et américaines qui ont visé des installations nucléaires iraniennes.
"Notre message est clair: l'Iran doit régler ses questions de garanties sans délai. Il doit fournir une coopération pratique via un accès, des réponses, le rétablissement de la surveillance, afin de permettre à l'agence de faire son travail et d'aider à rétablir la confiance", ont déclaré les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne dans une déclaration adressée au Conseil des gouverneurs de l'AIEA.
La résolution a été adoptée par 19 voix pour, trois contre et 12 abstentions, ont précisé des diplomates à Vienne. La Russie, la Chine et le Niger s’y sont opposés.
"L’Iran doit (...) fournir à l’agence sans délai des informations précises sur la comptabilité des matières nucléaires et les installations placées sous garanties en Iran, et accorder à l’agence tous les accès nécessaires pour vérifier ces informations", indique le texte du projet de résolution qui a été soumis au Conseil et que Reuters a pu consulter.
Téhéran n'a toujours pas autorisé les inspecteurs de l'AIEA à accéder aux sites nucléaires bombardés en juin, et l’agence onusienne estime que la comptabilisation des stocks d’uranium enrichi aurait dû avoir lieu depuis longtemps.
Les propres directives de l'AIEA stipulent qu'elle doit vérifier chaque mois le stock d'uranium hautement enrichi d'un pays, comme le matériau enrichi à 60% de pureté en Iran, ce qui est proche des 90% nécessaires à la fabrication d'armes nucléaires.
Depuis des mois, l'AIEA demande à l'Iran de lui indiquer ce qu'il est advenu de ce stock et de permettre la reprise rapide et complète des inspections. Les deux parties ont annoncé en septembre au Caire un accord censé ouvrir la voie à une reprise complète mais les progrès ont été limités et l'Iran déclare désormais que cet accord est caduc.
Téhéran, qui affirme mener un programme nucléaire à des fins civiles, avait prévenu avant le dépôt de la résolution qu’une adoption "affecterait négativement" sa coopération avec l’agence.
"Je crains que la résolution n’entraîne ses propres conséquences", a déclaré l’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA, Reza Najafi, après le vote à des journalistes. Interrogé sur la nature de ces conséquences, il a répondu: "Nous les annoncerons plus tard".
La seule mesure concrète annoncée par l’Iran peu après a été la notification officielle à l’AIEA de la fin de l’accord du Caire.
(Reportage de François Murphy, version française Elena Smirnova, édité par Blandine Hénault)

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